Après une virée funk-klezmer avec David Krakauer et SoCalled, Fred Wesley retourne à ses racines musicales en participant au Tribute to Jimmy Smith, le 15 juin, au New Morning. Quelques jours avant le concert, il nous raconte son histoire avec le légendaire organiste et – évidemment – James Brown et ses funky acolytes.

FunkU : Pourquoi rendre hommage à Jimmy Smith ?

Fred Wesley : Parce qu’il fait le lien entre le jazz et le funk. Il a un très bon jeu jazz mais il a aussi une attitude funky. Je l’ai toujours écouté, mais c’est la première fois que j’ai la chance de le jouer avec un groupe et de me concentrer sur son travail. Notre organiste, Leonardo Corradi, est fan et on a un super batteur, Tony Match. Il a eu une grosse influence sur beaucoup de monde, il avait un groove solide. Il est peut-être moins populaire que d’autres pour le public, mais pas pour les musiciens. C’est difficile de recenser les musiciens moins connus qui ont compté, comme Bill Dogget, qui m’a influencé, et qui a influencé Jimmy Smith. Il y a Louis Jordan aussi… mais il faudrait écouter de la musique toute la journée pour recenser qui a influencé qui. Le style de Jimmy Smith a proliféré dans toute la scène jazz, c’était quelqu’un de très important.

Vous allez jouer ses parties d’orgue au trombone ?

Non, je laisse ça à l’organiste. Je joue les parties d’Herman Riley et de Stanley Turrentine. C’est la même musique mais avec un style différent. Ce n’est pas moi qui ai monté ce groupe, mais Leonardo et Tony, ils m’ont invité à joué. On reprend « The Cat », « Midnight Special », beaucoup de choses connues et de choses qu’on aime.

Vous avez déjà joué avec Jimmy Smith ?

Jamais, je n’en ai jamais eu l’occasion. Je ne l’ai même jamais rencontré. Mais j’ai toujours écouté ses albums et sa musique. J’ai l’impression de le connaître. On est amis par la musique.

Avec les New JB’s, vous avez le désir de vous orienter plus vers le jazz ?

Peut-être un peu, on fait un medley funk avec « Breakin’ Bread », « Pass The Peas », « House Party », on fait aussi pas mal de jazz, avec « Love in LA », « Spain »… Mais on essaie de rester en contact avec le public, avec des morceaux de James Brown. Je suis entre-deux, « 2% jazz, 98% funk »… moi je suis à 50-50. Je ne pourrais plus me contenter du jazz, comme sur « To Someone ». Aujourd’hui, ce que j’écris et ce que j’écoute est à la croisée des chemins. Un peu comme Maceo, je crois que plus on vieillit, plus notre musique est nourrie de ce qu’on a appris. C’est un fan de Ray Charles, j’adore aussi, mais je suis également un fan de Marvin Gaye. Ce qu’on créé est un mix de nos expériences. Les New JB’s sont les meilleurs musiciens du monde, on jouera toujours ensemble. Il y aura un nouvel album, d’ici six à huit mois.

Sur scène, vous avez la rigueur de James Brown, est-ce à cause de votre place dans son groupe ?

On a tous été influencés par James Brown, Maceo dirige son groupe comme le faisait James, il veut que ses idées soient exécutées parfaitement. Pour ma part, j’aime quand mon groupe me propose des choses. Ce sont deux types différents d’organisation. Pee Wee aussi a un style différent. C’est pourquoi il est bien que chacun des cuivres de James ait son propre groupe. On est toujours amis, mais on a des visions différentes des choses. J’étais plus impliqué que les autres, parce que j’arrangeai et que je produisais, mais je n’ai pas choisi ce rôle, James Brown m’a forcé en quelques sortes, mais j’ai beaucoup appris.

Propos recueillis par Noé Termine

 

Fred Wesley Tribute to Jimmy Smith – En concert à Paris (New Morning) le samedi 15 juin.