Louis Haynes et Joachim Bertrand (dont c’était le 12ème show Wonderien) étaient hier soir à Vienne pour le concert exceptionnel de Stevie Wonder. Avis contrastés :

Report 1

Non content d’avoir un répertoire exceptionnel lui permettant d’assouvir la soif de ses fans les plus fervents jusqu’à la ménagère en mal d’amour, Stevie Wonder a toujours eu le don de communier avec son public. Sur le papier, le théâtre Antique de Vienne semblait être l’endroit rêvé pour une messe au grand air avec un chœur de 7500 âmes excitées par cette extra night décrochée sur le fil par les organisateurs du festival.

Invité à jouer les amuses gueule, Allen Stone a fait du Allen Stone avant de laisser sa place à un interminable ballet de techniciens. La nuit venue, Stevie Wonder a livré un show poussif traversé par de trop rares fulgurances. À aucun moment la mayonnaise n’a pris avec un public dérouté par un tour de chant décousu, composé de classiques réchauffés mille fois entendus et de raretés bien choisies mais sans âme (« You’ve Got It Bad Girl », « I Can’t Help It », « It’s Wrong (Apartheid) », « Joy Inside My Tears »). Un hommage emprunté aux géants du Jazz  et quelques déclarations mièvres sur la paix, l’égalité et l’amour de Dieu n’ont pas franchement aidé a sortir de l’ornière un artiste embourbé dans une tournée sans queue ni tête, mal entouré par un groupe usé et des choristes à la rue à l’exception de Keith John, fidèle au poste lorsque son patron oublie les paroles. Une soirée aussi excitante que le girl band princier du moment. C’est peu dire.

Joachim Bertrand

Report 2

Après la chaude journée d’hier, le concert de Stevie Wonder était une nécessité. La première partie d’Allen Stone est accueillie par un amphithéâtre plein à craquer aux alentours de 20 heures, et sert de coupe faim aux impatients. Long et bien mené, le set de 60 minutes échauffe le public, qui une fois à blanc, devra patienter une heure supplémentaire avant de voir apparaître sur scène la légende de la Motown accompagnée de son groupe. 
La formation assurera un show de près de deux heures d’une grande qualité et d’une grande inventivité digne de la carrière de Stevie Wonder, prenant par surprise le public (ainsi que ses propres musiciens) sur plusieurs titres.

Toutes les périodes sont évoquées et habilement révisitées. Les mélanges des genres et des références sont nombreux et parfois osés (une reprise de « Day Tripper » des Fab Four, « A Night In Tunisia » de Dizzy Gillespie et « Satin Doll » de Duke Ellington) face à un public peu réceptif en début de concert. Un rapide hommage  au King Of Pop est présenté lorsque le groupe interprète « I Can’t Help It », composé pour Michael Jackson à l’époque d’Off The Wall. Même si le génial multi-instrumentiste reste installé au piano et aux claviers pour la plupart de la soirée, le public n’a eu malheureusement qu’à un seul solo d’harmonica, une rapide excursion dans le blues grâce à son Harpeji ainsi qu’une petite session de percussions sur des rythmes brésiliens. 
Le backing band est exemplaire, entre prévision et improvisation. Hormis quelques légers larsens et pas de titre en rappel, un concert irréprochable et d’une qualité exceptionnelle.

Louis Haynes

Photo : Le Dauphiné Libéré/Marc GREINER

Setlist TBC

  • How Sweet It Is (To Be Loved By You)
  • Master Blaster
  • Higher Ground
  • As If You Read My Mind
  • Blues Jam
  • Day Tripper
  • You’ve got it Bad Girl
  • I can’t Help It/ Night In Tunisia
  • Satin Doll/ Overjoyed
  • Don’t You Worry ‘bout a Thing
  • Sir Duke
  • I Wish
  • Living for The City
  • Ebony And Ivory / It’s Wrong (Apartheid)
  • Part Time Lover
  • Improvisation intro / Joy Inside My Tears
  • My Cherie Amour
  • I Just Called To Say I Love You
  • Superstition