Deux options s’offrent aux soulmen (and women) à l’aube de leur fin de carrière : tenter une approche nouvelle en compagnie de jeunes producteurs (voir les réussites discographiques tardives de Bobby Womack, Gil Scott-Heron, Lee Fields…), ou bien essayer de s’adapter aux contraintes du marché aux côtés de yes men imposés par les responsables du service marketing. Dans Aretha Franklin Sings The Great Diva Classics, la Queen of Soul a clairement choisi la deuxième.

Passé un tolérable « At Last » en introduction, l’ensemble s’enlise dans un cauchemar R&B/eurodance, une bérézina totale du choix des titres repris (« I Will Survive », interdite par la Convention de Genève depuis la Coupe du monde 98, « No One » d’Alicia Keys en mode reggae et un risible medley eurodance d’« I’m Every Woman/Respect ») aux arrangements repoussoirs de Kenny « Babyface » Edmonds, metteur en son R&B à la date de péremption largement dépassée depuis le début du siècle. Les envolées vocales d’Aretha Franklin, à peine dignes d’un pré-casting de Rising Star, sont souvent embarrassantes (« Midnight Train to Georgia ») et la présence conjuguée de Greg Phillinganes, Cissy Houston, Fonzi Thornton ne change rien à l’affaire. Glissée en dernière position, la cover jazzy/big band de « Nothing Compares 2 U » produite par André 3000 est aussi incongrue que la présence d’Ayo à un concert de Cannibal Corpse. Un accident industriel de plus à ajouter à l’impitoyable déclin artistique de Queen Aretha.

 SlyStoned

Aretha Franklin Aretha Franklin Sings the Great Diva Classics * (RCA/Sony Music). Sortie le 20 octobre.