Absents de longue date des scènes françaises, Mother’s Finest, groupe pionnier de la fusion funk-rock, donne ce soir un concert unique à Paris (New Morning). L’occasion pour FunkU de rencontrer la chanteuse Joyce Kennedy, le guitariste Moses Mo, le chanteur Glenn Murdock et le bassiste Wyzard, membres originaux et auteurs d’une série d’albums cultes depuis la formation du groupe, au début des années 1970. Morceaux choisis d’ une interview fleuve à la veille de la sortie de Goody 2 Shoes & the Filthy Beast.

 

Funk★U :  À quoi peut s’attendre le public parisien qui assistera au concert parisien de Mother’s Finest vendredi soir ?

Mose Mo : À rien de spécial. Nous allons jouer ce concert, puis on ira jouer ailleurs le lendemain soir (rires).

Joyce Kennedy : On va donner à Paris tout ce qu’on a, et bien sûr, on va jouer tous les classiques de Mother’s Finest. We’re gonna rock you to the ground !

Glenn Murdock : Paris nous a beaucoup manqué, et cette date est très importante pour nous. Ce sera aussi une nouvelle expérience pour ceux qui n’ont jamais vu le groupe sur scène.

Depuis votre premier album éponyme paru en 1972, la musique de Mother’s Finest se caractérise par la fusion du groove du funk et de l’énergie du rock. Avez-vous eu du mal à faire accepter ce mélange au près du public dans les années 1970 ?

Joyce Kennedy : Le funk, c’est la basse et la batterie. Le rock, c’est la batterie et la guitare. La fondation de notre musique, c’est la basse et la batterie auxquelles tu rajoutes d’énormes guitares et tu obtiens du funk-rock. En tant que chanteuse, je suis influencée par la soul, le jazz et le gospel. L’attitude est heavy-metal, mais la voix reste soulful. Je n’ai pas peur des guitares, c’est très important car la plupart des chanteuses ont du mal à supporter un mur de guitares pendant qu’elles chantent. (Se bouchant les oreilles) « Arrêtez, c’est beaucoup trop fort » (rires).

Wyzard : Dans Mother’s Finest, le guitariste n’est pas seulement un guitariste, c’est un musicien funk avant tout. La première fois que j’ai rencontré Mo, il jouait une chanson de Kool and the Gang, le genre de chansons que seuls trois types blancs au monde pouvaient jouer correctement (rires). Mo peut jouer ça, mais il peut aussi jouer des riffs d’AC/DC. De mon côté, je connais très peu de bassistes noirs qui savent jouer du rock. J’ai racheté cinq fois les deux premiers albums de Led Zeppelin car je ne comprenais pas comment ils y arrivaient. Tout est une question de feeling, et plus tu seras à l’aise dans tous les styles, plus ton feeling sera important. Regarde-moi, j’ai même joué de la country avec Stevie Nicks et John McVie et c’était une expérience super-cool !

Joyce Kennedy : La vérité, c’est que les maisons de disque n’aiment pas travailler. Ils ont rapidement besoin de te mettre dans une case pour pouvoir mieux te vendre ensuite. Nous avons souvent eu l’impression que la couleur, le parfum de notre musique, n’était pas le bon car nous étions un groupe multi-racial qui jouait du funk-rock, du funk avec des guitares bestiales. À l’époque, on avait fait la première partie de James Brown et les gens n’avaient pas envie de nous écouter. La fois suivante, on a ouvert pour Ted Nugent et il s’est passé la même chose. Quand ce genre de public nous voyait débarquer sur scène, il pensait qu’on allait reprendre des titres de Frankie Beverly (rires).

Il y a cinq ans, Prince a joué « Baby Love » au New Morning, la salle dans laquelle vous allez vous produire ce soir. Saviez-vous qu’il reprenait vos chansons ?

Wyzard : Oui, et à vrai dire, je n’aime pas trop sa version. J’aurais bien aimé lui donner un coup de main sur le groove car il a loupé quelques trucs !

Propos recueillis par SlyStoned

MothersFinest+NewMorning