Signé par Gilles Peterson alors même qu’une partie de la presse française continue de le snober, Kamaal Williams revient aux affaires avec l’excellent Wu Hen, un hommage appuyé à sa mère, originaire de Taiwan. Achevé au Maroc en pleine crise du Covid, ce troisième album s’inscrit dans la lignée du classique Black Focus et du plus sombre The Return sans tomber dans la facilité. Henry Wu, dans le civil, s’est adjoint les services de Miguel Atwood-Ferguson, collaborateur réputé de Seu Jorge et Thundercat, entre autres. Il s’est aussi entouré d’une nouvelle équipe de jeunes gens prometteurs, à l’instar du saxophoniste américain Quinn Mason, rencontré à Atlanta lors de sa dernière tournée.
A l’écoute, le « Wufunk » de Kamaal Williams a gagné en densité et en richesse harmonique avec des clins d’oeil appuyé à la France. Le multi-instrumentiste anglais déclame son amour pour la ville rose sur le lancinant « Toulouse » suivi par « Pigalle », aux frontières du bebop. En moins de 40 minutes, le trublion de la scène londonienne démontre une fois de plus qu’il est l’un des artistes les plus talentueux de sa génération sur le vieux continent. Le genre de type capable de vous faire aimer le jazz en le tricotant avec une grosse dose de house et de funk. Assurément un des albums de l’année.
Kamaal Williams Wu Hen **** (Black Focus Records). Disponible en vinyle noir, argenté et rouge sang ainsi qu’en CD japonais avec un titre bonus.