Guide soul de David Bowie période Young Americans, produite par Curtis Mayfield et choriste de longue date du regretté Luther Vandross, Ava Cherry est une artiste culte. À la veille de son retour discographique et la sortie d’un nouveau single intitulé « That’s How Loneliness Goes » disponible sur iTunes, celle qu’on surnomme la Black Barbarella évoque ses souvenirs au micro de Funk★U.

FunkU : Quel est votre premier souvenir musical ?

Ava Cherry : Lorsque j’avais cinq ou six ans, ma mère passait des albums de Frank Sinatra sans arrêt à la maison. Elle adorait sa voix, et c’est un des premiers chanteurs qui m’a vraiment marqué. Un peu plus tard, j’ai découvert Smokey Robinson et ça a été aussi un grand choc.

Vous avez grandi à Chicago. Comment avez-vous découvert la soul music ?

Par la radio, bien sûr, mais aussi grâce aux concerts. Tous les week-ends, nous allions voir au Regal Theater des concerts incroyables. Je me souviens de James Brown, Aretha Franklin, The Supremes, Jackie Wilson, Isaac Hayes, The Temptations, Smokey Robinson, Michael Jackson et tous ces géants. Un peu plus tard, Koko, une de mes meilleures amies, était la girlfriend de Stevie Wonder. J’ai eu la chance de le côtoyer et d’assister à plusieurs séances de Fulfillingness First Finale. Je pense que tous ces éléments combinés m’ont poussé à devenir chanteuse.

Vous souvenez-vous de votre première séance d’enregistrement professionnelle ?

Oui, c’était avec David Bowie en France, au Château d’Hérouville en 1974. C’était un peu avant l’enregistrement de l’album d’Ava and the Astronettes, David m’avait fait travailler sur des maquettes pour montrer mon potentiel à son producteur Tony DeFries.

C’est vous qui avez introduit David Bowie à Luther Vandross.

Oui. J’ai emmené David un soir à l’Apollo car il était fasciné par la soul music et il voulait entendre des groupes sur scène. Il est sorti de la limousine avec son costume bleu électrique et ses cheveux couleur carottes (rires) ! À l’intérieur, le groupe qui jouait était composé de Carlos Alomar et Luther Vandross. C’est ce soir-là que David a trouvé ses accompagnateurs sur l’album Young Americans que nous avons enregistré quelques mois plus tard à Philadelphie, aux studios Sigma.

Cinq ans après Young Americans, vous avez publié Ripe !!!, votre premier album solo produit par Curtis Mayfield. Quelle est l’histoire de ce disque ?

Gil Askey, le directeur musical du label Curtom, était censé produire cet album, mais il était visiblement gêné de savoir que j’avais travaillé avec David Bowie, et son attitude me mettait aussi mal à l’aise. Au bout de quelques séances, je l’ai dit à Gil Askey, qui a ensuite demandé à Curtis Mayfield s’il voulait bien me produire. « Mais bien sûr, avec plaisir », a-t-il répondu. J’ai cru m’évanouir. Mon premier album solo produit par Curtis Mayfield ! C’était un des hommes les plus charmants que j’ai jamais rencontré. Il était aussi d’une patience incroyable en en studio. Je ne l’ai jamais vu soupirer une seule fois pendant l’enregistrement.

 

C’était un album entre le disco et la new-wave. Capitol Records, qui a publié le disque, a essayé de me marketer dans la même catégorie que Grace Jones, mais ça n’a pas marché. En 1987, j’ai enregistré Picture Me avec Glen Ballard, qui allait connaître un énorme succès quelques années plus tard avec Alanis Morissette, et Luther Vandross aux cœurs, mais ça ne s’est pas bien passé avec la maison de disques.

En 1997, vous avez également publié l’EP Spend the Night, qui contient une superbe reprise de « Forget Me Nots », le hit de Patrice Rushen.

Vous aimez cette reprise ? Merci beaucoup ! On m’a souvent dit que c’était une des plus réussies de ce titre.

À la même époque, vous avez beaucoup tourné avec Luther Vandross. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Ces concerts étaient incroyables, Luther était un des meilleurs chanteurs qui aient foulé cette terre… Le glamour était aussi très important lors des shows de Luther Vandross. Tout était impeccable, notamment les costumes de scène. Certains soirs, il m’était arrivé de monter sur scène avec des robes à 20 000 dollars !

Quels sont vos projets ?

Après tous les problèmes que j’ai vécu avec les maisons de disque, je me méfie beaucoup. Ils s’emparent de votre talent, mais ils ne vous offrent rien en retour. Cette fois, je vais tout faire toute seule et ça va se passer sur mon nouveau site Internet qui ouvrira prochainement. Mon nouveau single a pour titre « That’s How Loneliness Goes »*. C’est un mid-tempo produit par John Ovnik, qui a travaillé avec Stevie Wonder, Deniece Williams et Wyclef Jean, entre autres. Nous sommes en train de le masteriser et il sera bientôt disponible. J’ai hâte !

*Nouveau single « That’s How Loneliness Goes » disponible sur iTunes.

 Propos recueillis par SlyStoned