En exclusivité pour Funk-U, Yazid « Jimi’s Back » Manou examine le coffret 4-CD Winterland publié le 12 septembre par Sony Legacy.

Le fan de Jimi Hendrix est un homme heureux. C’est très majoritairement un homme, rappelons-le ! Heureux car son héros bénéficie d’une attention absolument incroyable pour un artiste qui n’est plus physiquement parmi nous depuis le 18 septembre 1970. Il pleut des rééditions à tout-va, les livres abondent, les quadruples coffrets s’accumulent. La rentrée 2011 ne déroge pas à la règle. Mais que se passe-t-il pour qu’une telle frénésie s’exprime autour du guitariste ? L’industrie du disque n’est pourtant pas au mieux. La source hendrixienne semble inépuisable. L’objet qui nous intéresse ici s’appelle tout simplement « Winterland ». Le nom résonne aux oreilles des aficionados : « enfin Winterland ! ». L’excitation n’atteint certes pas celle de l’évocation du Royal Albert Hall  mais c’est tout de même une sacrée bonne nouvelle. Cette série de shows figure parmi les meilleurs donnés par l’Experience. Il est bien entendu que cette chronique s’adresse d’abord aux initiés car en effet, qui va acheter 35 titres live de Jimi Hendrix dont quatre « Purple Haze », trois « Foxy Lady », trois « Hey Joe »…??! Réponse : les fans fous furieux qui n’en ont jamais assez. En 1982, un double vinyle The Jimi Hendrix Concerts proposait six morceaux du Winterland dans une compilation de live. Puis vint en 1987 le Live At Winterland (11 titres) édité par Polydor mais laissant toujours sur sa faim quand on sait que le groupe avait joué six concerts en trois jours dans le temple du rock de Monsieur Bill Graham les 10, 11 et 12 octobre 1968. En 2006, le douteux label Reclamation (licence from the Michael Jeffrey Estate) publia en douce un coffret 6 CD à 2000 exemplaires contenant l’intégralité des six concerts, 3 Nights at Winterland, avec plus des six heures de musique et plus de 50 morceaux ! Mais rien ne vaut une sortie officielle proposant le meilleur son possible, un beau livret avec photos inédites.

 

 

L’idée ici n’est certainement pas de vous détailler chaque morceau ! Sachez que le trio est au sommet : octobre est le mois de sortie du double album Electric Ladyland, c’est la suite d’une tournée affolante aux USA qui avait d’ailleurs débuté en février par trois dates au même Winterland de San Francisco (avec Albert King, John Mayall et Big Brother en ouverture). Les plus coriaces s’amuseront à noter les morceaux qui n’ont pas été retenus par la famille (aaargh !), d’autres feront des comparaisons de son avec les précédentes sorties, noteront l’humeur excellente du guitariste dans ses échanges avec le public (malgré la dégradation du matériel le dernier soir). Fin amateur de jams, Hendrix a invité quelques potes sur scène. Ainsi défileront Jack Casady (Jefferson Airplane), le flutiste Virgil Gonsalves et l’organiste Herbie Rich (du Buddy Miles Express qui a ouvert pour les six concerts). Dans l’ensemble, le trio de producteurs Janie Hendrix/Eddie Kramer/John McDermott a encore fait du bon boulot.  Mais (y’a toujours un mais), on pourra s’étonner d’un choix pour le moins bizarre dans la conception du coffret. Le livret n’indique nulle part si tel ou tel titre est issu du 1er ou 2ème concert de la soirée. L’ordre des morceaux n’est pas toujours respecté, bref, c’est un peu la pagaille, mais qu’importe. Le quatrième CD  propose bizarrement six titres en plus ainsi qu’une très cool interview inédite des backstages du Boston Garden le 16 novembre 1968 où Jimi (tout en jouant) énumère ses influences, son parcours, etc. Janie Hendrix n’oublie pas au passage de faire un peu de pub à son label Dagger Records et ajoute un CD bonus avec cinq morceaux du Fillmore Auditorium (4 février 1968) déjà publiés en 2003 (mais uniquement disponibles sur le site officiel). Le tout mérite amplement nos applaudissements.

Yazid « Jimi’s Back » Manou

The Jimi Hendrix Experience Winterland (Experience Hendrix/Sony Legacy) 4 CD ****