Depuis Ray Charles, Solomon Burke, Al Green et les pionniers de la soul sudiste, l’alliance fructueuse des harmonies hillbilly et de la soul music n’est plus à prouver. Le deuxième volume de la compilation Country Funk – le premier, splendide, était paru en 2012 – proposée par Light in the Attic prolonge à rebours cette union transgenres en sélectionnant les incursions en territoires groove d’artistes plus habitués aux couinements des pedal-steel qu’aux scansions des wha-wahs.
À l’exception du génial Jim Ford et de Bob Darin (oui, celui de « Beyond the Sea » reconverti dans le shuffle redneck), on ne retrouve aucun artiste-doublon dans les 17 titres ce second tome estampillé 1967-1974. Ainsi, Tony Joe White, Bobby Charles et Bobbie Gentry, les suspects habituels du genre, laissent place au ténébreux Townes Van Zandt (le twangy « Hunger Child Blues »), Willie Nelson (« Shotgun Willie », classique des playlists colourblind), et J.J. Cale, le bluesman blanc le plus funky à l’Ouest de l’Oklahoma avec son inaltérable « Cajun Moon ». Mais comme c’est souvent le cas, les véritables surprises émanent des outsiders : Bien que partiellement inférieur à son illustre prédécesseur -Dolly Parton avait-elle sa place avec son « Getting Happy » taillé pour le rodéo ? – Country Funk II aligne de stupéfiants funks électro-acoustiques signés Thomas Jefferson Kaye (« Collection Box »), Donnie Fritts (« Sumpin Funky Going On ») et, surtout, une fantastique reprise du « Don’t Be Cruel » popularisé par Elvis et totalement revisité en downtempo réverbéré par Billy Swan.
Jacques Trémolin
Country Funk II (1967-1974)*** (Light in the Attic/PIAS). Disponible en CD, vinyle et version digitale.