Le Mozart du funk, le Stravinski du Moog, le Wizard of Woo nous a quitté. Bernie Worrell, le génial sorcier des claviers du P-Funk (et bien plus encore) est décédé des suites d’un cancer du poumon à l’âge de 72 ans.

Né en 1944 à Long Branch (New Jersey) avec l’oreille absolue, Bernie Worrell a été séduit très jeune par les stations radio de rhythm’n’blues. « Dès que ma mère s’absentait de la maison, je me mettais au piano et j’accompagnais les morceaux de Ray Charles », racontait ce dernier à Funk★U en 2013. « Peu de temps après, j’ai vu les Beatles au Ed Sullivan Show, et j’ai tout de suite adoré. J’ai aussi compris qu’ils mélangeaient plusieurs types de musiques, et c’est ce que j’ai eu envie de faire immédiatement. »

À la fin des années 1960, Bernie Worrell, encore lycéen, tourne aux claviers derrière Maxine Brown et croise le chemin de George Clinton dans son salon de coiffure de Plainfield, dans le New Jersey. Un coup de fil du parrain du P-Funk studios voit rapidement rejoindre le studio United Sounds de Detroit, le quartier général de la Parliamentfunkadelicthang, où Bernie participe au premier album de Funkadelic paru en 1969. Mélange de virtuosité classique, de groove insondable et de folie harmonique, son empreinte marquera d’une manière indélébile les plus grands enregistrements de Parliament/Funkadelic. Les basses synthétiques révolutionnaires de « One Nation Under a Groove », « Aquaboogie », « Chocolate City » et « Flash Light » anticipent le Minneapolis Sound et donneront au P-Funk ses hymnes les plus fédérateurs.

En 1978, Bernie Worrell, encouragé par George Clinton, enregistre son premier album solo All The Woo in the World. « Je l’ai fait et un jour, on m’a montré la pochette et c’est seulement là que j’ai compris que je venais de sortir mon premier album solo (rires) », nous racontait le Woo Warrior en 2005. Cette expérience est suivie par de nombreuses collaborations multigenres, des Talking Heads (« Je ne savais même pas qui ils étaient ! ») à Keith Richards, Yoko Ono et Marisa Monte en passant le projet Praxis ourdi par Bill Laswell.

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Bernie Worrell à Paris en 2013

Dans les années 1990 et 2000, Bernie Worrell se produisait occasionnellement avec les P. Funk All-Stars et le Bootsy’s Rubber Band. Une de ses dernières apparitions françaises avait eu lieu en 2013 à Villejuif, dans le cadre d’un hommage à Pink Floyd rendu au festival Sons d’hiver.

Bernie Worrell continuait également d’enregistrer. Retrospectives, une de ses dernières productions proposait un passage en revue instrumental de ses classiques P-Funk. Malgré la déclaration d’un cancer généralisé du poumon en janvier dernier, le sorcier des claviers tournait encore. Il venait de donner une série de concerts au printemps et était apparu une ultime fois aux côtés de George Clinton dans l’émission Late Night With Stephen Colbert, en avril 2016.

RIP, Bernie Worrell.

Bernie Pink Floyd