Après quelques apparitions peu convaincantes sur l’album Heartaches by the Number des Bo-Keys l’année dernière, le chanteur et compositeur Don Bryant est de retour cette année et en bien meilleure forme ! Originaire de Memphis, il démarre sa carrière au tout début des années 1960 au sein des Four Kings. Le groupe enregistre quelques titres avec Willie Mitchell à la trompette, mais Don Bryant s’oriente rapidement vers une carrière solo avec Mitchell comme producteur chez Hi Records. Le chanteur s’affirme comme un interprète de talent. Il livre quelques 45-tours et compose aussi pour Solomon Burke, Etta James, O.V. Wright et d’autres personnalités de la soul. Il n’enregistre qu’un seul album solo, Precious Soul, à la fin des années 1960 : solide, efficace mais essentiellement constitué de reprises. Un de ses plus beaux faits d’arme restera « I Can’t Stand The Rain », créée avec son épouse Ann Peebles et le DJ Bernard Miller.
Sur ce nouvel album, on revient à l’esthétique des productions Royal Studio de Willie Mitchell avec une soul épaisse et percutante teintée de blues et de gospel. La présence de la section rythmique qui a fait les belles heures du studio n’y est sûrement pas pour rien. Sans compter les cuivres chaleureux du Gregg Allman Band ! L’ensemble fonctionne à merveille : entre des titres très accrocheurs ou carrément dansants, une reprise musclée (« A Nickel And A Nail »), un hymne à l’amour (le titre éponyme), une conversation avec l’au-delà (« How Do I Get There? ») ou des ballades pleines de lucidité. le chanteur n’a pas perdu de sa puissance et de son exaltation. Et que dire des chœurs ! Toujours placés là où il faut pour emmener le chanteur lead un peu plus haut, vers plus de mordant et d’émotion. Après ce come-back réussi, on espère que Don Bryant et ceux qui l’accompagnent n’en resteront pas là.
Hugues Marly
Don Bryant Don’t Give Up On Love **** (Fat Possum / Differ-ant). En concert à Paris (Festival Jazz à La Villette) le 5 septembre.