Alors qu’ils étaient initialement programmés au Café de la Danse début novembre, les Brand New Heavies avaient été déplacés à la dernière minute au Trabendo. 200 places de plus, pour une salle tout de même pleine à craquer. Signe que l’acid jazz – ou, appelons un chat un chat : le funk anglais -, des années 1990 fait encore quelques émules. Quelques heures avant le show, nous avions rencontré le batteur Jan Kincaid, pour discuter de la nouvelle recrue, Dawn Joseph, mais aussi du passé, de la rencontre des Brand New Heavies avec le hip-hop, et du prochain album. Prévu pour quand ? Réponse plus bas !

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FunkU : Comment en êtes-vous venus à travailler avec Dawn Joseph, qui est maintenant la chanteuse attitrée ?

Jan Kincaid : Elle nous a été recommandée l’an dernier par un musicien, alors que nous étions à la recherche d’une chanteuse. On voulait une anglaise, afin de faciliter le travail en termes géographiques. Elle est assez unique et elle fait partie du business depuis longtemps, même si peu de gens la connaissent. Elle a travaillé avec CeeLo Green, Eric Clapton ou encore Kylie Minogue. Elle n’a jamais vraiment réalisé ses propres projets, donc c’était une aubaine pour nous. Elle est fantastique, aussi bien en tant que chanteuse qu’en tant que performer. Elle nous ouvre de nouveaux horizons.

Les autres chanteuses n’ont pas été vexées ?

N’dea (Davenport, ndr) était partie de toutes façons. Elle a fait plusieurs allers et retours dans le groupe, mais c’était compliqué car elle réside aux Etats-Unis, cela pouvait nous coûter très cher de la faire venir pour certains concerts. Ça faisait sens pour nous de travailler avec quelqu’un qui soit plus proche. Elle n’est plus vraiment dans le projet, donc ces dernières années, l’énergie s’était un peu estompée. On avait besoin d’un souffle nouveau.

Vous avez l’impression d’avoir trouvé votre voix ?

Oui, définitivement, et ça ne devrait pas changer. En 25 ans, nous avons eu la chance de travailler avec des artistes fantastiques. On travaille à un nouvel album avec Dawn, il sortira probablement en mars, et sera très funky.

Dawn Joseph sur la scène du Trabendo

Vous n’avez pas l’air de considérer Dunk Your Trunk (2011) comme un de vos disques.

C’était un album créé pour une compagnie qui fait de la synchronisation de publicité. Ça s’est fait très vite, et ce n’est pas vraiment un disque des Brand New Heavies dans la mesure où nous n’y avons pas passé beaucoup de temps. Mais beaucoup de gens l’ont aimé, et ont trouvé qu’il avait de la substance. Mais ce n’est pas vraiment un album de studio, il a plus l’aspect d’une jam. C’est un peu un pastiche, mais c’était l’idée et on l’aime bien. On est aussi en train d’enregistrer un nouvel album instrumental, plus jazzy, en formation guitare-basse-batterie-saxophone. Mais il sera plus préparé.

Qu’en est-il des rumeurs sur Heavy Rhymes Experience, vol. II ?

On adorerait le faire, mais le problème est que c’est difficile à réaliser. Ça mobilise tellement de personnes. C’est quelque chose qu’il faut faire en arrière plan. Le premier a été fait à une époque totalement différente pour le hip-hop, à son âge d’or. Le hip-hop a tellement changé aujourd’hui, il est devenu très commercial, il y a beaucoup de très mauvaises choses qui sortent. Il y a aussi des choses très bonnes, mais elle restent underground, car le mainstream prend
trop de place, c’est horrible, les paroles aussi… Nous pourrions travailler avec Kendrick Lamar par exemple, il est très bon, mais il sonne comme un mec de l’époque, j’aime bien aussi Jay Z, De La Soul, Q-Tip… On le ferra donc peut-être un jour, mais ce n’est pas une priorité à l’heure actuelle.

Comment en êtes-vous venus à travailler avec des artistes de hip-hop ?

Quand notre premier album (The Brand New Heavies, 1990, ndr) est arrivé aux Etats-Unis, beaucoup de gens ont cru que c’était un disque des années 1970. Les premiers à s’y intéresser ont été des producteurs de hip-hop. Quand on a joué pour la première fois à New-York en 1991, beaucoup de types sont venus nous voir pour jammer avec nous. C’est comme ça qu’on a rencontré Large Professor, Q-Tip et les autres. Ce sont eux qui venaient à nos concerts. Ils étaient branchés par le funk et nous par le hip-hop, c’étaient de bonnes expériences à faire. C’était avant les Roots, c’était vraiment nouveau à l’époque.

Auriez-vous appelé votre musique « acid jazz » si votre premier disque n’avait pas été produit par le label du même nom ?

Non, c’est certain. Je ne l’appelle pas comme ça d’ailleurs. Nous avons un spectre plus large. On fait de la funky-soul-dance-disco, avec un peu de jazz. Acid Jazz n’est qu’un label, ce type de musique existait avant, on a juste remis une étiquette dessus. C’est du jazz-soul, ou du jazz funky, quelque chose comme ça. Avant de signer avec Acid Jazz, en 1988, On avait enregistré un premier single avec un autre label (Cooltempo, ndr) puis on s’est fait lâcher. Nous n’avons fait qu’un disque avec eux car notre musique commençait a bien marcher aux Etats-Unis et qu’il étaient trop petits à l’époque.

Propos recueillis par Noé Termine