À mille lieues des réinterprétations de jazz-rockeux besogneux, les 18 musiciens du collectif New-yorkais Burnt Sugar ont abordé la sophistication Danienne avec fun et décontraction funky hier soir, au théâtre Jean-Vilar de Vitry dans le cadre du Festival Sons d’hiver. Chef d’orchestre d’un soir, un Vernon Reid en mode stand-up troque ses shreds vertigineux contre une baguette. Entouré d’une section cuivres et de choristes généreux et souvent hilares, le pyrotechnicien de Living Colour dirige avec punch d’épatantes versions big-band de « The Fez », « Haitian Divorce », « Kid Charlemagne », « Showbiz Kid » et divers extraits de Pretzel Logic et Gaucho. Un public peu réceptif et sans doute étranger au répertoire doré de Walter Becker et Donald Fagen, s’éveille timidement pendant « Do It Again ». Les autres ravivent le souvenir ému d’Aja au travers d’un « Deacon Blues » solidement cuivré et d’un « Black Cow » joyeusement extended.

Au bout de 90 minutes, les harmonies miraculeuses de Steely Dan laissent place au catalogue transgenres de David Bowie. L’introduction fanfaronnante de « Ziggy Stardust » anticipe une relecture uptempo de « Rebel Rebel » et un rare « Breaking Glass », suivies d’une déconstruction cubiste de « Fame », d’un « Moonage Daydream » chaloupé reggae et enfin d’un irrésistible « Let’s Dance » où Vernon Reid, cette fois à la guitare, endosse avec un plaisir non feint le double rôle de Nile Rodgers et Stevie Ray Vaughan. Les 2 heures 30 (!) du spectacle s’achèvent sur un hommage vibrant au chef d’orchestre improvisateur Butch Morris et au grand Jef Lee Johnson, tous deux disparus la semaine passée. On espère retrouver le même enthousiasme et un niveau d’exigence musical similaires au Pink Floyd Tribute de vendredi prochain en compagnie de Nona Hendryx, Bernie Worrell et Blackbyrd McKnight. See you there.