Meshell+Comet_Come_To_Me_albumDès Bitter, un troisième album confessionnel paru en 1999, Meshell Ndegeocello avait tourné le dos à la formule groovy multidirectionnelle de Plantation Lullabies (1993) et Peace Beyond Passion (1996). Quatorze ans plus tard, la bassiste ombrageuse publie Comet, Come to Me, un onzième essai opérant la synthèse des expériences passées, du puzzle R&B de Cookie : The Anthropological Mixtape (2002), des expéditions ethno-jazz de The Spirit Music Jamia : Dance of the Infidel (2005), de l’electro/folk ténébreuse de Devil’s Halo (2009) à la soul impressionniste de Pour une âme souveraine, son superbe hommage à Nina Simone paru en 2012.

Dès l’introductif « Friends », contre-pied electro-parano du classique hip-hop old-school de Whodini, Meshell Ndegeocello délivre une proposition aussi surprenante que cohérente. Cet état d’esprit traverse les 13 titres de Comet, Come to Me, formidable recueil à la production organique et ostensiblement accessible (le feeling West Coast de « Tom », les parenthèses dub de « Modern Time », « Forget My Name » et « Comet, Come to Me »). L’écriture est moins opaque – Diable, « Continuous Performance » pourrait même être un single – les mélodies plus lisibles (« Shopping for Jazz », « Conviction ») et les nuances pétillent au détour d’un fill saturé où d’une brisure de piano (les clair-obscurs de « Folie à deux » et « Choices »). Avec Comet, Come to Me, Meshell Ndegeocello signe une nouvelle réussite. Mieux, elle entre dans la catégorie très restreinte des musiciens/producteurs aventureux dont la discographie ne souffre d’aucune tâche. La suite ? Ce sera du côté du jazz en septembre, avec la production d’un album-hommage de Jason Moran à Fats Waller.

Jacques Trémolin

Meshell Ndegeocello Comet, Come to Me (Naïve). Disponible le 2 juin. Éditions limitées CD, LP disponibles sur www.meshell.com