Contrebassiste issu du collectif jazz West Coast Get Down, Miles Mosley propose un premier effort solo enregistré lors des mêmes sessions que le triple The Epic de Kamasi Washington. Si les deux albums partagent un certain sens de l’emphase, à grand renforts de chœurs et de cordes, Uprising se démarque de son prédécesseur par sa grande concision.
En onze titres et à peine plus d’une quarantaine de minutes, Miles Mosley couvre un large pan de l’héritage musical afro-américain. Le galvanisant single « Young Lion » ouvre ainsi un chapelet de titres efficaces mêlant habilement jazz, soul et funk rock. Chaque morceau bénéficie d’arrangements très riches faisant se croiser cordes orchestrales (superbes sur « Shadow Of Doubt ») et cuivres façon big band (le tubesque « L.A Won’t Bring You Down »).
Accompagné par un casting de musiciens stellaires, parmi lesquels Kamasi Washington, mais également l’excellent pianiste Cameron Graves, Miles Mosley n’est lui-même pas en reste. Le virtuose use de sa contrebasse de toutes les manières possibles, qu’il s’agisse d’illustrer de licks hendrixiens l’entêtant « Abraham » ou d’user de l’archet sur l’intro plaintive de « Tuning Out ». Souvent filtré à travers divers effets, son instrument se fait caméléon pour se fondre dans l’atmosphère de chaque morceau. Mosley assure également le chant, parfois aidé de chœurs gospel, parvenant à tirer le meilleur parti d’un registre vocal limité.
Ceux qui ont assisté aux performances live du contrebassiste aux côtés de Kamasi Washington regretteront peut-être l’absence du grain de folie dont celui-ci sait faire preuve à l’occasion de soli incendiaires, exécutés sur le fil du rasoir. Nul doute, cependant, que cette musique devrait prendre toute son ampleur sur scène. Rendez-vous est donc pris sur les planches, en espérant que la tournée mondiale annoncée passe par nos contrées…
Adrien Kras
Miles Mosley Uprising *** (World Galaxy Records/Alpha Pup Records). Disponible.